lundi 21 mai 2007

Quelques considérations sur la photographie de paysage, l'éternelle recherche de la beauté


La photographie est pour moi avant tout une recherche personnelle, mais aussi de l'amour pour la lumière.


La photographie de paysage pourrait se résumer par l'attente de ce moment magique, où tous les éléments rentreront en alchimie parfaite pour offrir au photographe l'image qui est le miroir de ses rêves les plus profonds. Cet instant, est souvent fugace et très rare, mais c'est par la photographie qu'il essaie de le faire perdurer pour l'éternité.

C'est la parfaite symbiose des éléments qui fera naitre l'un de ces moments parfaits, et le photographe se doit d'être présent corps et âme pour savoir capter toute la magnificience, pour arriver à exprimer, moyennant toute sa technique et son expérience, la beauté de cet instant. Le seul fait d'être là pour l'admirer fera sûrement son bonheur, mais souvent il ne sera pas complet, s'il n'arrive pas à le photographier, si en regardant la photo il n'arrive pas à se réimprégner de l'atmosphère de ce moment.

Un ciel, un nuage, la lumière révélant les formes pures d'un simple rocher, autant de moments "magiques" et grandioses dont le photographe de paysages sera le témoin privilégié, le tant espéré fruit de son attente, mais au final aussi le fruit de cette chose bizarre que l'on appelle souvent "le hasard".

On dit et on entend souvent que le paysage est peut-être l'une des disciplines les plus exigeantes de la photographie. Je trouverais certainement trop osé et imprudent d'être vraiment d'accord avec ce précepte. Je peux dire par contre, qu'un paysage ne peut pas être reproduit dans un studio. Un paysage est totalement imprévisible. Un paysage est trop grandiose et indomptable, tout comme les élements changeants de la nature. On sait tous qu' une lumière peut transformer totalement un endroit, que pourtant on croyait jusqu'alors totalement banal, sans espoir, sans "potentiel" particulier.

Ce mot, "potentiel", a beaucoup de sens dans un art comme la photographie, et je pense que tout particulièrement dans la photographie de paysages. Et je crois bien que la plupart des photographes de paysages seront d'accord avec moi sur ce point, même si je ne nie pas qu'un oeil très bien avisé et une bonne attente peuvent parfois créer des images saisissantes. Et voilà l'un des travails les plus ardus du photographe; savoir déceler le "potentiel" des endroits. Il lui faudra alors une bonne dose d'autres ingrédients essentiels à la réussite de son image, à savoir: imagination, connaissance de la lumière, de la météorologie, intuition, perfectionnisme, le tout sur une bonne base de connaissances techniques ainsi que sa précieuse expérience.

Je peux dire et affirmer que la photographie de paysages est sutout attente, attente de la lumière, et éducation du regard. Apprendre à regarder pour aller de plus en plus loin dans son art, mais aussi de plus en plus près dans son monde intérieur. Attente et regard. Aussi beaucoup de photos, beaucoup de déceptions, beaucoup d'heures passées, mais au final, jamais perdues. L'expérience est la meilleure école. Mais la motivation n'est pas toujours au rendez-vous, et c'est là un autre aspect que toute personne vouée à une recherche approfondie de quelque chose, a connu tôt ou tard.

Parce que l'art du photographe ne dépend pas que de son inspiration. Le peintre, au moins a toujours sa toile blanche qui est là, à attendre ce moment magique, d'unité avec soi-même et avec son art, que l'on appelle "inspiration". Le photographe, en plus d'avoir sa "toile", son film, ou n'importe, doit faire preuve d'inspiration à un moment précis, le moment où tous ces éléments, extérieurs à lui, créent une de ces images tant attendues. Il ne se doit pas seulement d'être là, mais aussi avec son inspiration et son matériel. Incroyable tout ce qu'il peut y avoir avant et après un simple "clic"...


Attendre, apprendre à regarder... voilà pour moi l'essentiel du travail d'un photographe de paysages.




Texte: Jordi Masip

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